PAU : FERMETURE D’UN SITE ET DÉGRADATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL
Nous avions évoqué dans notre flash de juin dernier le projet de la direction de fermer le site Infra de Pau Lilas et de transférer ses salarié·es sur le site Appli voisin de Pau Newton. Nous avions alors alerté sur la grave dégradation des conditions de travail que ce projet immobilier pourrait entraîner pour les salarié·es Appli et Infra, en absence d’anticipation (pour rester poli) de la part de la direction. Mais est-ce utile de préciser que la résiliation du bail de Pau Lilas va permettre à Capgemini de réaliser une économie non négligeable ?
69 postes pour 112 résidents ? Pour la direction, ça va tenir !
Le rapport d’expertise renforce largement nos craintes initiales. Comme prévu, le nombre de places de stationnement sera notoirement insuffisant, l’espace de restauration trop limité. Il y a de plus des réelles problématiques en terme de circulation de l’air, d’inconfort acoustique ou lumineux.
Comme sur beaucoup d’autres aménagement immobiliers, la direction prépare la double peine pour les salarié·es : le sous dimensionnement du nombre de postes de travail (dit « flex-office ») et la sur-densification de l’espace de travail. Ainsi, la direction prévoit d’attribuer 69 postes de travail aux 112 salarié·es résident·es (54 Infra et 58 Appli, hors la cinquantaine de salarié·es rattaché·es qui peuvent revenir ponctuellement sur site), et elle affirme sans rire : ça va tenir.
Elle va réduire la surface moyenne par poste de travail à moins de 4,6m2, ce qui est très en dessous de la norme AFNOR préconisée par l’INRS (10 m²) et même de la recommandation contenue dans la charte immobilière de Capgemini (7 m²). A noter que le bureau du chef d’établissement fait… 12 m².
Notice de sécurité ? pourquoi faire ?
Le cabinet d’expertise a demandé à la direction de Capgemini la notice de sécurité, un document officiel que doit transmettre le bailleur au locataire. La direction de Capgemini, qui est locataire (d’un étage) du bâtiment Newton depuis 2015, dit qu’elle ne l’a pas. Dans ce document figure notamment le capacitaire incendie de l’immeuble, étage par étage, c’est-à-dire le nombre maximum de personnes qui peuvent être présentes, afin de respecter la réglementation incendie. Or la direction a décidé d’augmenter le nombre de postes de travail, sans donc se préoccuper de savoir si ce capacitaire incendie était atteint, sur son étage ou sur l’immeuble.
PROJET DE RÉORGANISATION GLOBALE D’ INFRA : VIGILANCE !
Sous couvert du projet de regroupement dans Infra des activités cybersécurité, la direction de Capgemini fait passer, avec la complicité de la majorité du CSE, un second projet qui, contrairement à l’intitulé du point de l’ordre du jour, n’est absolument pas une « conséquence organisationnelle » du premier. En effet, il existe déjà une entité cybersécurité dans la practice P&C (Project and Consulting) d’ Infra.
Ce second projet consiste en une réorganisation globale et complète du périmètre Infra : la practice LMS (Local Managed Services) sera supprimée et répartie, à 20 % dans la practice P&C et à 80 % dans une nouvelle practice baptisée MS (Managed Services), la practice GMS (Global Managed Services) sera basculée dans MS, cette nouvelle practice MS qui regroupera 70 % des salarié·es d’Infra sera redécoupée en 3 grandes régions, l’entité Prosodie disparaîtra…
Tout cela imposé d’en haut par la hiérarchie
L’objectif de la direction est de coller au plus près à l’évolution du marché pour engranger encore plus de bénéfices. Mais pour les salarié·es, la pilule risque d’être amère. Cela devrait entraîner un chamboulement dans les conditions de travail : changement de practice, changement d’entité, changement de manager, évolution des missions, etc. Tout cela imposé d’en haut par la hiérarchie et avec une information souvent insuffisante ou incompréhensible. Bref, n’hésitez pas à vous rapprocher de vos représentant·es CGT.
CYBERSÉCURITÉ : UN TRAIN DE RETARD ?
La direction de Capgemini a décidé de regrouper l’ensemble de ses activités de cybersécurité au sein du périmètre Infra. Après une cinquantaine de salarié·es Dems en avril, ce sera au tour de 550 salarié·es d’Appli de rejoindre Infra fi n 2021. Si la création d’un grand pôle de cybersécurité peut sembler positive, cela n’épuise pas le sujet : il existe en effet, entre les différentes équipes, des différences importantes en terme de culture d’entreprise, de référentiel métier, de salaires, etc. Et il y a fort à craindre que la direction mène ce chantier d’homogénéisation avec sa brutalité habituelle.
La direction de Capgemini se gargarise de la constitution d’une entité « puissante et inspirante » qui va permettre à l’entreprise d’être un « acteur majeur » sur ce marché de la cybersécurité. C’est loin d’être gagné. La concurrence est bien en place, et Capgemini n’occupe que le 3e rang, au niveau mondial ou au niveau national, loin derrière le premier, respectivement IBM et Orange. De plus, pour simplement conserver ses parts sur un marché qui augmente de plus de 10 % par an, Capgemini devra limiter le turnover, former et recruter de nouveaux·velles consultant·es : or cela passe nécessairement par une augmentation des salaires, ce qui, comme on le sait, n’est pas dans les habitudes de la maison.