#CSEC

FLASH CSE CENTRAL juillet 2024

TOULOUSE : LA RENTABILITÉ AVANT TOUT !

Résumé de la tectonique des plaques du bassin Toulousain : en 2020, Capgemini, après avoir acheté Altran, disposait en tout de 10 sites, soit 49800 m² et 5134 postes de travail pour 6 600 salarié·es (y compris celles et ceux en clientèle) ; en 2021, Capgemini a fermé 2 sites, Galilée et Pythagore, diminuant la surface immobilière à 43800 m² et le nombre de postes de travail à 4270 et passant partiellement les autres sites en flex office ; fin 2024, la direction veut fermer 3 sites, Mesplé, Aéropark et Claude-Marie Perroud, réduisant la surface immobilière à 32 300 m² et le nombre de postes de travail à 3 057 pour… 7 000 salarié·es (y compris 1 570 en clientèle), et 7 700 prévu·es à l’horizon 2026, et généralisant le flex office sur les 5 sites restants, Eisenhower, Take-Off, Synapse, Aéropole, B12. En 2025, l’économie par rapport à 2020 réalisée sur les coûts immobiliers dépassera les 5 millions d’euros par an !

Dans le détail, les 487 salarié·es CIS Infra de Mesplé seront transféré·es sur Eisenhower ; les 804 salarié·es ER&D de Aéropark seront éparpillé·es sur Eisenhower (197), Take-Off (160) et Synapse (237) ; les 143 salarié·es Apps, les 61 salarié·es CIS Infra et les 17 salarié·es ER&D de Claude-Marie Perroud déménageront sur Eisenhower ; de plus 83 salarié·es ER&D du Take- Off et 7 salarié·es Invent de Synapse iront sur Eisenhower. En tout, 1 600 salarié·es changeront de site, dont 1200 s’entasseront sur Eisenhower qui est déjà bien occupé. Sans compter un nombre important, et que la direction est incapable de donner, de salarié·es qui va changer de bureau à l’intérieur des sites restants. Vous avez suivi ?

Le rapport d’expertise commandé par le CSEC a recensé un grand nombre d’alertes et d’interrogations à propos des conditions de travail des salarié·es concerné·es par ce mega-projet immobilier toulousain. Par exemple, il y a un fort risque de dépassement du capacitaire incendie sur Einsehower et Take-Off, le renouvellement d’air s’avère insuffisant pour Eisenhower et Synapse, le nombre de places de parking est trop petit pour Take-Off et Synapse, l’accès à Eisenhower pour les salarié·es travaillant en horaires non ouvrés est problématique, le taux de flex-office est très bas pour des zones non sécurisées (seulement 2 postes de travail pour 5 salarié·es !), une étude acoustique serait nécessaire avec la densification des bureaux, la direction n’a pas finalisé les plans de microzoning, n’a pas communiqué de calendrier de présence sur site par projet…

La CGT a voté pour la motion adoptée en CSEC qui a notamment pointé tous ces problèmes et a rendu en conséquence un avis défavorable sur le projet de déménagement. Il aurait été logique que le CSEC rende préalablement un avis défavorable sur la fermeture des 3 sites. Mais comme nous le déplorions dans notre flash CSEC du mois dernier, la majorité du CSEC avait obtempéré au diktat de la direction et avait accepté de rendre un avis partiel, sans attendre le rapport d’expertise. A noter que le CSE Altran a aussi émis un avis défavorable sur ce projet immobilier.

REPLICON : LA DIRECTION NOUS PREND POUR DES ?

Capgemini déploie au niveau du groupe (monde) un logiciel de déclaration du temps de travail nommé Replicon, de l’entreprise américaine Deltek. L’objectif principal est, sans surprise, financier : il s’agit de gagner du temps sur les circuits internes de facturation à travers un suivi en temps réel de l’activité facturable des projets ; or comme dit le proverbe, le temps c’est de l’argent. Cet outil a déjà été déployé dans les filiales Capgemini mexicaine et… indienne. L’Inde, rendez-vous compte, c’est plus de la moitié des salarié·es du groupe, et cela s’est bien passé, nous dit la direction.

La France, c’est pour cette année. Mais ça coince. La direction avait initialement prévue le « go » au 24 avril, puis l’a ensuite décalé au 8 juillet « sous réserves » et seulement pour les salarié·es utilisant WTR (sous-entités Appli hors Sogeti), avant une 2e vague prévue en octobre pour les salarié·es utilisant Teweb. Les problèmes s’accumulent : les tests sont toujours en cours, la traduction de l’aide en français n’est pas terminée, la fonction saisie du temps de présence (temps de travail) n’est pas prête, l’interface avec le logiciel Whoz qui gère les codes projet n’est pas opérationnelle du fait du retard pris dans le déploiement de Whoz, etc. Et puis, se désole la direction, la législation sociale française est bien plus complexe (et plus protectrice) que la législation sociale indienne par exemple, en terme d’absences, de congés, de temps de travail, de temps de repos, d’astreintes, de récupération, etc., et sa prise en compte dans un outil anglo-saxon s’avère plus ardue que prévue.

La direction vante la simplification pour le ou la salarié·e : un seul point d’entrée, une seule saisie, pour ses temps d’activité (par projet), ses absences/congés, son temps de travail, etc., Replicon devant en effet remplacer les outils existants WTR, Teweb, Myrhoom, Smart RH, TOP, etc. La réalité est moins conviviale : le ou la salarié·e sera obligé·e de faire sa saisie hebdomadairement (le vendredi avant 10h) et non plus mensuellement, il devra faire une double déclaration, temps d’activité par projet et temps de travail global, il ne pourra pas remplir (ses congés d’été par exemple) plus de 6 semaines à l’avance, il devra dorénavant renseigner son lieu de travail, etc. Certes, l’outil permettra au salarié·e de déclarer son temps de travail réel, mais, pas de suprise, les heures supplémentaires seront soumises à la validation de la hiérarchie qui pourra les refuser et les « corriger » à son gré.

La CGT a voté pour la motion adoptée en CSEC, après avoir obtenu qu’elle soit modifiée afin de rendre un avis défavorable. La direction s’acharne à déployer pendant la période des congés estivaux un outil pas fini, pas abouti, qui dans sa customisation actuelle n’est absolument pas adapté à la situation sociale française. Les collègues d’Appli, entre autres les assistant·es, vont payer les pots cassés, avec la surcharge de travail et les RPS (risques psycho-sociaux) qui en découleront.

RENNES : LA DIRECTION NAVIGUE À VUE

L’an dernier, la direction nous présentait son projet immobilier sur l’agglomération rennaise, comportant la fermeture de 4 sites et le regroupement des salarié·es sur le site restant du Spiréa, moins le batiment A. la direction nous assurait bien évidemment comme à chaque fois que tout allait bien se passer et qu’il n’y aurait aucun manque de place. Le rapport d’expertise commandée par le CSEC était d’un avis différent : il concluait qu’il allait manquer au minimum 130 postes de travail en 2024 et probablemennt le double en 2025 et suggérait de garder le batiment A du Spiréa. Un an plus tard, la direction nous annonce en grande pompe la prise à bail du… batiment A du Spiréa et de ses 190 postes de travail : de qui se moque-t-on ? L’économie réalisée sur les coûts immobiliers ne sera « plus que » de 1,8 millions d’euros par an !

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Publié le :
20 août 2024

Flash CSEC mai 2024

Orientations stratégiques : beaucoup de bull-shit !

La direction a présenté en Comité social économique central (CSEC) les « orientations stratégiques » des différentes entités de l’UES Capgemini :

  • Invent,
  • Corporate,
  • Infra (dit CIS par la direction),
  • Ingénierie (dit ER&D),
  • Appli.

Et même décliné en sous-entités, puisqu’il n’y a pas moins de 5 documents pour les « orientations stratégiques » du périmètre Appli :

  • Apps (Application Services),
  • FS (Financial Services),
  • Shared Services, Sogeti
  • I&D (Insights Data)

Bon courage aux membres du CSE Appli.

Les documents présentés par la direction ont des formats et des contenus différents. Par exemple certains fournissent des prévisions sur 3 ans, d’autres seulement sur l’année 2024. Et enfin beaucoup ne donnent pas de chiffres, ce qui est un excellent moyen pour ne pas se tromper !

Au niveau des résultats économiques, seuls Infra et Sogeti se lancent dans des prévisions chiffrées pour 2024 :

  • Infra anticipe une progression de 1,2 % de son chiffre d’affaires (après 2 % en 2023) et de 2,2 point de son taux de profitabilité (après une baisse de 1,6 points en 2023),
  • Sogeti anticipe une progression de 4,5 % de son chiffre d’affaires (après 1 % en 2023) et de 1,2 point de son taux de profitabilité.
  • Ingénierie et FS se projettent sur 2027 : Ingénierie ambitionne une hausse de 35 % de son chiffre d’affaires d’ici 2027 (après 10 % en 2023),
  • tandis que FS prévoit une croissance « ambitieuse », c’est-à-dire supérieure à celle du marché, d’ici à 2027, mais sans fournir de chiffres.

Au niveau « people » (sic) comme dit la direction, comprenez les effectifs, tout le monde y va de ses perspectives de recrutement pour 2024 :

280 pour I&D, 420 pour FS, 500 pour Invent, 700 pour Ingénierie, 800 pour Infra, 1140 pour Sogeti, 2080 pour Apps… soit au total 5900 recrutements prévus, ce qui représente 1/5 des salarié·es de l’UES.

Mais combien y aura-t-il de départs de salarié·es ?

En cumulant les prévisions des différentes entités pour fin 2024, hors Invent qui se n’est pas aventuré à donner de chiffre, on arrive péniblement à 820 salarié·es supplémentaires fin 2024, ce qui représente une hausse de seulement 3 % des effectifs. Tout ça pour ça. Et ce n’est qu’une prévision, il est à craindre que le résultat final soit bien en dessous.

Sinon, il y a des anglicismes à la pelle, que la direction ne prend pas la peine de traduire. De plus, des éléments reviennent dans beaucoup de documents : sustainability, générative IA, mise en œuvre de GTM-Replicon, etc. Une forte « orientation stratégique » peut être résumée sans rire par : «  on se renforce sur les comptes où on est leader et on se développe sur les comptes où on n’est pas leader ». Et dire que des cadres dirigeants de l’entreprise sont payés très cher pour produire de tels concepts.

Un·e élu·e CGT demande quelles sont les «  orientations stratégiques » de l’entreprise au niveau de l’UES. La direction répond qu’il n’y en a pas au niveau de l’UES (France), qu’il y en a au niveau du groupe (monde). Cet·te élu·e CGT demande alors que la direction présente en CSEC les « orientations stratégiques » du groupe.

La direction refuse, expliquant que cela ne fait pas partie du périmètre du CSEC : encore un bel exemple de dialogue social de la part de la direction !

Séisme annoncé sur la « plaque toulousaine »

La direction a présenté un méga-projet immobilier sur Toulouse avec la fermeture de 3 sites :

  • Aeropark qui est partagé entre Ingénierie et Infra,
  • Mesplé qui est un site 100 % Infra,
  • Claude-Marie Perroud qui est partagé entre Appli, Infra et Ingénierie

Cela représente une diminution de la surface de bureau de 26 % et une réduction du nombre de postes de travail de 28 %. Ce qui impacte plus de 1600 salarié·es, qui vont être transféré·es vers les sites existants de Eisenhower, Take Off et Synapse, sans compter les salarié·es, dont la direction est incapable d’évaluer le nombre, qui vont changer d’étage à l’intérieur de ces sites.

Comme d’habitude, la direction le justifie par des taux d’occupation moyens « faibles ». Or une moyenne en terme d’occupation, cela ne veut pas dire grand-chose, ce sont les pics de fréquentation qui comptent. La direction projette un taux de flex office global de l’ordre de 1 poste de travail pour 2 salarié·es résident·es, sans tenir compte des salarié·es qui sont en clientèle et et qui peuvent revenir sur leur site de rattachement. A comparer avec le taux de flex office des sites qui vont fermer : plus de postes de travail que de salarié·es résident·es à Aeropark et à Claude-Marie Perroud, de l’ordre de 2 postes de travail pour 3 salarié·es résident·es à Mesplé.

Les conditions de travail des 1160 salarié·es actuellement présent·es sur ces 3 sites vont se dégrader énormément.

La direction avance différents enjeux. Un premier enjeu est de regrouper dans les mêmes bâtiments les salarié·es Apps (Appli) et Ingénierie qui sont actuellement sur des sites différents et qui travaillent sur des mêmes projets.

Doit-on en déduire que les 548 salarié·es Infra qui seront transféré·es de Mesplé et de Claude-Marie Perroud vers Eisenhower sont des victimes collatérales ?

Un 2e enjeu est parait-il de réduire l’empreinte carbone. Mais alors pourquoi fermer le bâtiment Claude-Marie Perroud qui est l’un des moins énergivores et pourquoi garder le plus gros site toulousain, Eisenhower, qui a un mauvais diagnostic de performance énergétique à E ?

Sans compter que Eisenhower est nettement moins bien desservi par les transports en commun, contraignant sans doute une bonne partie du millier de salarié·es qui y vont être transféré·es à prendre leur voiture. Le principal enjeu, que la direction se garde bien de mettre en avant, est bien sûr économique : une réduction des coûts immobiliers de plus de 3 millions d’euros par an !

Le CSEC a unanimement décidé de recourir à une expertise pour l’aider à analyser les tenants et les aboutissants de ce méga-projet immobilier. La direction a découpé la consultation du CSEC en 2 parties, une première sur la résiliation des baux immobiliers, une seconde, ultérieure, sur le déménagement.

Cela n’a pas de sens de se prononcer sur la fermeture des sites, indépendamment des conditions dans lesquelles le déménagement des 1600 salarié·es et l’aménagement des sites cibles pourraient se passer.

Pourtant, la majorité du CSEC a accepté de se soumettre au diktat de la direction. Sans attendre le rapport d’expertise, qui sera bientôt disponible, elle a rendu un avis partiel qui de fait avalise le projet de la direction de fermeture des 3 sites.

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Dessin humoristique de Faujour.

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Publié le :
24 juin 2024
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