Depuis presque 4 mois désormais un conflit est en cours chez Capgemini autour des augmentations de salaires. Ce conflit prend la forme d‘actions de grève dites “perlées” tous les Jeudis puis un jeudi sur deux depuis avril.
Si l’on veut comprendre les origines de ce conflit il faut ajouter au contexte national de forte inflation des raisons purement interne au groupe Capgemini.
Des conditions de travail dégradées….
Les années passent et Capgemini mène une politique de chasse aux coûts qui a de nombreuses conséquences néfastes pour les salarié.es :
– Des salaires toujours plus bas entrainant un turnover important, une perte de compétences et une charge accrue pour les salarié.es
– Réduction des effectifs qui accentue encore la charge de travail, tout particulièrement pour les équipes soumises à des astreintes.
– Recrutement axé principalement sur des profils juniors : stagiaires, alternant·es, reconversion professionnelle ou débutant·es fraîchement sorti·es de l’école
– Mise en concurrence des centres de services français avec l’Inde, la Pologne, la Roumanie…
Pour exemple, en 2020 et 2021 sur Pessac les représentants du personnel CGT ont dénombré près d’une quinzaine d’arrêts maladie pour épuisement professionnel : sur une population d’environ 200 salarié·es, c’est loin d’être négligeable.
… pendant ce temps Capgemini annonce des bénéfices historiques en 2021 : plus de 1,1 Milliards d’euros.
… et une reconnaissance en berne
Hormis les mails vantant notre engagement et nous remerciant pour notre professionnalisme tout spécialement pendant la période de pandémie, aucune action concrète ne vient matérialiser cette reconnaissance.
Un nombre conséquent de salarié.es n’ont pas été augmenté.es depuis des années ou se retrouvent confronté·es à des difficultés de logement et de fin de mois.
Le professionnalisme et l’engagement tant vantés par la direction restent donc lettres mortes.
… pendant ce temps Capgemini augmente les dividendes des actionnaires de 23 % en 2021.
Premières fumerolles
Traditionnellement les périodes d’entretien de performance sont souvent génératrices de frustration et de colère, mais l’année 2022 a été un cru exceptionnel. Les représentants CGT ont accompagné un nombre inédit de salarié·es dans leur démarche de contestation des conclusions de l’entretien.
La direction de Capgemini s’est dans la plupart des cas contentée de clôturer le recours par un refus sans pour autant apporter de justifications.
Cela relève d’un profond mépris pour tous ces salarié·es qui ressentaient que leur travail n’avait pas reçu une juste reconnaissance.
… pendant ce temps les 3 principaux dirigeants de Capgemini se partagent un pactole de 8,7 Millions d’euros.
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres
Dans un contexte de bénéfices record en 2021, la proposition d’accord NAO n’apporte pas une réelle reconnaissance du travail des salarié·es qui a permis un tel niveau de profit.
La CGT Capgemini a appelé dès le 17 Mars à une journée de grève à la faveur d’une journée nationale et interprofessionnelle de manifestation. Sur le site Capgemini de Pessac cette journée s’est matérialisée par un rassemblement de salarié·es grévistes.
Le mouvement s’est alors transformé en intersyndicale regroupant la majorité des syndicats du groupe.
Jusqu’à présent la direction de Capgemini a fait la sourde oreille ou s’est contentée de faire des propositions qui relevaient de la provocation. La première proposition se contente d’une « augmentation » de 7,7€ bruts par rapport à l’accord présenté en NAO. Quant à la proposition la plus récente si elle triple cette amélioration (25€ brut/mois), elle ne touche pas à l’enveloppe globale. “Résultat : plus de 1000 salarié·es sont exclus de l’augmentation NAO”.
Pourtant Capgemini avait déclaré fin Avril à la presse “être attentif à avoir un dialogue social de qualité et vouloir porter une attention particulière pour les bas salaires” … 7,7€ brut/mois ! belle attention !
Accord final au rabais
L’accord NAO a finalement été signé par deux OS non majoritaires, ce qui est insuffisant pour qu’il s’applique (pour le peu qu’il contenait). Ces dernières voulaient déclencher un référendum des salarié·es, mais la direction a préféré appliquer unilatéralement ses mesurettes… C’est bien la preuve que la “négociation” n’en était pas une, mais bien un simulacre, et que la direction avait de toute façon tout décidé en amont.
Devant autant de mépris il n’y a pas d’autres solutions que de reprendre et d’intensifier la mobilisation à la rentrée !