Le 16 mai dernier, les salarié·es de Capgemini ont exprimé leur exaspération en se mettant en grève et en rejoignant les rassemblements sur plusieurs sites.
Ce 16 mai, E. Ezzat, lui, a passé une excellente journée.
Patrick Pouyanné, administrateur et président du comité des rémunérations, mais aussi PDG de TotalEnergies, a annoncé l’augmentation de 30 % de la rémunération fixe annuelle d’Aiman Ezzat, passant ainsi à 1,3 million d’euros par an pour son second mandat de quatre ans (résolution 9).
30 % mais ce n’est pas tout. Notre PDG aura également :
- Un bonus annuel maximum : 3 640 000 €
- Des actions gratuites pour un montant plafonné à la rémunération fixe + rémunération variable, soit 4 420 000 € (résolution 25). Il a donc eu 300 000 euros d’augmentation de salaire et il aura également + 300 000 euros d’actions supplémentaires par an en plus…
Aller hop, un peu plus de 8 Millions d’euros d’un coup !
Mais le pire c’est la justification du PDG de TotalEnergies (voir extrait ci-dessous) : “proposition sur la base d’une analyse de marche concurrentielle” (laquelle ?) Le salaire d’A. Ezzat serait inférieur au salaire médian des PDGs du CAC40.
Et surtout : “Augmentation cohérente avec les budgets d’augmentation de salaires du Groupe sur la période“.
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on avait pas spécialement remarqué un tel budget sur nos augmentations de salaires !
Il faut dire que son salaire va être gelé pendant 4 ans (le pauvre) et que pour être totalement complet il faut préciser que l’attribution d’actions ne sera pas automatique.
40 % : Performance de l’action Capgemini (On comprend mieux pourquoi il est si important pour la direction de pratiquer le rachat d’actions (886 M€ en 2023 pour permettre a E. Ezzat d’avoir des actions gratuites)
40 % : Free cash flow organique (voilà pourquoi il faut dégager du cash à tout prix)
10 % : féminisation des leaders exécutifs
10 % : Réduction des émissions de GES/collaborateur (hors déplacements domicile‑lieu de travail)
Justification : “Dans le souci de poursuivre sa politique de motivation, de rétention et d’association des collaborateurs et des managers au développement du Groupe, ...” Visiblement nous ne sommes pas concernés par cette mesure.
———
Et le bouquet final : Le mandat d’A. Ezzat est renouvelé avec 98,91 % des voix et sa nouvelle rémunération obtient un score de 93 %, le tout à la satisfaction générale.
Ce qui a aussi été acté à l’AG des actionnaires :
Ont également été votés :
- La fixation du dividende à 3,40 euros (résolution 3) (le dividende a été multiplié par 2 en 5 ans)
- Les rémunérations d’Aiman Ezzat et Paul Hermelin, du conseil d’administration etc… (résolutions 6 à 10)
- Le renouvellement du mandat au Conseil d’Administration de plusieurs membres et la nomination de deux salariés actionnaires (un responsable financier et la DRH de Invent) (résolutions 11 à 14)
- Le rachat d’actions pour 2024 (résolution 16)
- La destruction d’actions (résolution 17)
- L’autorisation d’augmenter le capital (résolutions 18 à 24)
- Un nouvel ESOP pour “motiver” les salarié·es : “Dans le cadre de sa politique de motivation des salariés et de l’alignement de leurs intérêts sur ceux des actionnaires” (résolutions 26 et 27). Mais il faudra payer pour les avoir et qu’avec ces quelques actions légèrement décotées les salarié·es vont raisonner en actionnaires… Ils nous prennent vraiment pour des idiot·es.
Dindons de la farce ?
Pour E. Ezzat rien sur le contexte difficile,
la tendance baissière, le tassement, qu’il faut se serrer la ceinture, etc…Tout ce que l’on a pu entendre lors des négociations sur les salaires ou lors des restitutions de CED :
Pour celles et ceux qui ne comptent pas leurs heures pour faire tourner la boîte : 45cts sur le chèque restaurant (dont 40 % à notre charge), des augmentations dites “au mérite” historiquement faibles, pas d’intéressement pour infra (parce que la direction a mal géré des contrats), le tout assumé de façon totalement décomplexée par la direction avec un mépris inédit.
C’est une offense au travail fourni toute l’année par celles et ceux qui produisent la richesse de l’entreprise (en moyenne chaque salarié.e produit 94 500 € par an – chiffre officiel)
On reste sans rien dire ?
Ce système financier est redoutable mais il a un point faible : il ne tient que parce que tous les jours nous faisons entrer du cash.
Il n’y a qu’à voir les pressions excessives que subissent les assistantes en fin de mois sur les pointages, la chasse aux congés, ou absence de toute nature, l’obsession pour l’ARVE et les différents taux de facturation, les formations et toutes les tâches qui doivent être réalisées hors temps facturé, sans pointage, c’est à dire en heures supp non payées.
Alors montrons à tout ce joli monde d’en haut que si en bas rien ne rentre le système ne fonctionne plus.
Cessons toutes et tous de travailler le 4 juin prochain et les indicateurs vont chuter.
La CGT Capgemini invite toutes et tous les salarié·es à participer à une nouvelle journée de mobilisation le Mardi 4 juin 2024 afin de nous faire entendre pour une juste redistribution.
Mettez-vous en grève et rejoignez les rassemblements organisés sur plusieurs sites du groupe.
La CGT appelle tou·tes les salarié·es à se mobiliser contre ces inégalités criantes et à réclamer une répartition plus juste des richesses, avec 2800€ d’augmentation générale (soit 5 % d’augmentation du salaire median à Capgemini) pour rattraper le pouvoir d’achat perdu depuis trop longtemps.
Ensemble, nous pouvons faire entendre notre voix !
Toi aussi tu en as assez de trimer pour rien ? Tes collègues ont aussi l’impression d’être les dindons de la farce faites nous savoir votre intention de participer à cette journée de protestation. Le nombre de collègues mobilisé.es sera affiché sur notre site :
Consultation : rassemblement sites Capgemini le 4 Juin 2024