Le CSE Capgemini TS Infra promeut le Puy du Fou

Le Puy du Fou : dans les coulisses de l’« Histoire », les petites histoires… Le propos que je vais tenir est fondé sur un article du journal options daté du 18 juillet 2022 suite à un livre enquête sur le sujet.

Plus qu’un « complexe de loisirs à thématique historique », le parc reste, malgré ses spectacles éblouissants,  une arme de guerre idéologique et un business florissant pas toujours respectueux des droits sociaux.

On ne se contente plus d’y évoquer le destin des Chouans pendant la Révolution française ; on côtoie désormais les Romains et les poilus de 1914-1918, en passant par les Vikings, Clovis, Jeanne d’Arc ou d’Artagnan !

Mais qu’est-ce qu’on y voit vraiment ? Sous les paillettes, l’idéologie…

Une interprétation de l’Histoire certes simplifiée pour les besoins de la vulgarisation, mais surtout pour servir un propos, celui du seul créateur et dialoguiste des tableaux mis en scène : Philippe de Villiers. Son objectif initial était de défendre la thèse d’un « génocide vendéen » pendant la Révolution française, réfutée par les historiens même si les massacres dans cette région ont longtemps été minimisés.

Un nouvel et passionnant ouvrage paru ce printemps, Le Puy du faux élargit l’analyse. Quatre historiens, chacun spécialiste d’une période évoquée dans le parc, reviennent sur la prétention jamais complètement démentie par ses dirigeants à vouloir convoquer l’histoire. Les auteurs saluent la qualité technique, visuelle ou artistique des spectacles, comme l’accueil irréprochable fait aux visiteurs.

Pour le reste, à l’instar d’autres qui témoignent sur les réseaux sociaux s’être sentis mal à l’aise, ils constatent de nombreux raccourcis caricaturaux, des anachronismes en pagaille, des erreurs grossières voire des inventions. Les tableaux se doivent en effet de défendre l’idée d’une France paysanne éternelle, chrétienne, où les élites et le roi protègent leurs gens – pas de conflits avec les seigneurs, d’ailleurs le travail n’est quasiment jamais montré, ou alors il n’a rien d’épuisant.

Les femmes et les pauvres savent rester à leur place, et la parfaite harmonie de la société se trouve menacée soit par la République soit par un ennemi venu de l’étranger. Ainsi des méchants Romains qui martyrisent les gentils Gaulois chrétiens, peu importe si les Gaulois étaient déjà romanisés à l’époque évoquée et si le christianisme est entré en Europe par l’Empire romain…

De nombreux écrits documentent cette instrumentalisation idéologique et politique de l’histoire. Le public est encouragé à participer activement et à s’impliquer émotionnellement dans les spectacles, qui s’appuient sur le roman national tel qu’on l’enseignait au XIXe siècle : passéiste, avec des variantes révisionnistes voire complotistes, le tout rehaussé à la mode hollywoodienne. De quoi marquer l’imaginaire des plus jeunes, d’autant que de nombreux voyages scolaires y sont organisés.

 L’ouvrage Le Puy du faux se conclut par des propositions de scénarios qui rendraient possible une mise en scène intelligente de faits historiques, garante d’une transmission vulgarisatrice et ludique de connaissances. Mais Philippe de Villiers et ses proches se moquent des critiques comme du consensus sur les faits. Lui se satisfait d’être plus influent qu’au temps de ses mandats politiques.

La machine à cash avant le droit du travail, pour les saisonniers, les intermittent·es en particulier, là aussi les lois de la République et le droit du travail ne sont pas la priorité. Les contrats garantissent un nombre d’heures, mais il est entendu en off que le travail réel ira bien au-delà, c’est à prendre ou à laisser.

Double planning, arnaques à l’assurance chômage, heures supplémentaires non payées…

Intouchable car pourvoyeuse de centaines d’emplois dans la région, la famille de Villiers se défend par ailleurs de chercher à faire du profit : « Le Puy du Fou est un acte d’amour gratuit », martèle Nicolas, Pdg du groupe et fils de Philippe, sur le site web du parc.

Une association loi 1901 organise la Cinéscénie, et une société par actions simplifiée le grand parc. Tous les bénéfices sont officiellement réinvestis dans l’une ou l’autre, mais de nouvelles structures ont été créées, pas toujours transparentes, notamment pour engranger les droits sur les scénarios, ou assurer le développement du concept à l’international – après l’Espagne et les Pays-Bas, des projets existent aux États-Unis et en Chine.

Il est déplorable que la commission des Activités Sociales et Culturelles propose un voyage dédié à ce parc. [8096 €de subvention pour un cout total de 17600 € pour 40 personnes (soit 440 € par personnes, avec 202€40 de subvention] Par ailleurs Meyclub propose déjà 5 activités sur le Puy du Fou.

Gageons que l’exclusion de la CGT à la commission des Activités Sociales et Culturelles du CSE n’est pas pour rien dans la proposition du projet de ce jour. Cette commission et le CSE qui va se prononcer  sur ce projet porte une lourde responsabilité dans l’idéologie mise en place.

 

Le Puy du faux (Florian Besson, Pauline Ducret, Guillaume Lancereau, Mathilde Larrère, Le Puy du faux. Enquête sur un parc qui déforme l’Histoire, Les Arènes, 2022, 208 pages, 18 euros.)

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Publié le :
9 novembre 2022