LA POLITIQUE POUR LES NULS !
Attachée à sa conduite de défense des salarié·es, la CGT Capgemini a fait lecture d’un communiqué intersyndical (CFDT, CGT, UNSA, FSU, Solidaires) au CSEC et dans les CSEE de juin. Ce texte qui dénonçait les politiques de l’extrême-droite dans le monde a provoqué à chaque fois la même réaction fâchée de la direction (ainsi que de quelques Organisations Syndicales partisanes d’une co-gestion de l’entreprise dans les salons). La réplique argumentait que les CSE ne sont pas des lieux de politique, que nous avons un devoir de neutralité et qu’il faut maintenir un climat apaisé au sein de l’entreprise.
Nous avons bien compris. Pour la direction les CSE avec les OS qui y participent, ne sont là que pour enregistrer les réformes de l’entreprise.
Seulement voilà, Capgemini est membre du MEDEF, alors pour la neutralité elle repassera. Et quand bien même, pour défendre travailleuses et travailleurs, ce qui constitue la raison première d’une OS, la neutralité atteint vite des limites et il y a là devoir à prendre ses responsabilités. Alors, cessons de laisser croire que POLITIQUE est un « gros mot » et voyons comment Capgemini ne fait pas de politique :
- Comme la CGT, Capgemini combat les discriminations (racisme, xénophobie, homophobie, transphobie, droits des femmes, etc) mais ce n’est pas politique.
- Le simple fait d’élire ses représentants n’est-il pas politique ?
- Pratiquer l’offshorisation du travail en Inde par exemple n’est-ce pas politique ?
- Faire du bénéfice sur l’intermission avec l’argent public (CIR) pour en faire profiter les actionnaires au détriment des salarié·es, de nos protections sociales et des services publics ça ne serait pas politique.
- Pour les déménagements des bâtiments, la direction assume de ne pas respecter les normes. Ce choix n’est pas que financier il est aussi politique…
- Quand en CSEE, le DG d’une autre entité explique au sujet de la cybersécurité, qu’il prend ses distances avec Macron alors que la neutralité eut été de citer la loi, ou au pire les annonces du gouvernement peut-on dire que ce n’est pas politique ?
- Juin 2024, un autre DG explique en CSEE que toutes les entreprises du CAC40 ont essuyé une baisse de leurs actions eu égard à la dissolution de l’assemblée par le président de la république… mais arrêtons de faire de la politique.
- La direction réclame l’apaisement mais au regard du fiasco de la négociation sur les salaires tandis que le groupe se porte bien, augmenter le pdg de 30 % et rien pour les salarié·es, c’est contribuer à l’injustice sociale mais cela ne saurait être politique
- En 2017, Capgemini a transformé l’entreprise déclarée en SA (Société Anonyme) en SE (Société Européenne). Raison invoquée ? La conjoncture offrait la possibilité au Front National d’accéder au pouvoir, cette manipulation permettait à l’entreprise de délocaliser son siège dans un autre pays européen que la France. Cela sans faire de politique…
- Capgemini multinationale (dont par ailleurs, le PDG de Total siège au conseil) cotée en bourse et présente au CAC40 serait spectatrice du lobbying ambiant ? Capgemini n’est pas neutre et elle concourt à la situation politique actuelle. Mais toujours sans faire de politique bien sûr !
- Enfin, peut-on ignorer notre histoire ? D’où viennent donc les CSEE que la direction entend diriger ? Alors nous le rappelons : en 1939-45 le patronat a collaboré avec les nazis, et pour éviter que cela ne se reproduise, les CE ont été créés afin de pouvoir “contrôler” les activités économiques de l’entreprise et permettre aux salarié·es d’y avoir leur mot à dire.
Les CSEE reposent donc sur une décision politique et des droits établis dont la CGT compte user aussi apolitiquement que le fait la direction…
SUITE – DÉMÉNAGEMENT DES SITES TOULOUSAINS
Pourquoi ce déménagement ? La direction nous a avancé les différents enjeux :
- 1ère Raison : Regrouper les salarié·es d’Appli et ER&D qui sont actuellement sur des sites différents et qui travaillent sur des mêmes projets. Pipeau ! L’expérience raconte qu’avec le télétravail et Teams rapprocher les salarié·es ne serait-ce que de leur assistante ou leur RRH ça n’est même plus un sujet…
- 2ème Raison : Bilan carbone => ça ne tient pas non plus ! On abandonne un des bâtiments les moins énergivores pour garder le plus gros site toulousain avec sa mauvaise performance énergétique notée « E ». Ajoutons à ce site la médiocrité d’accès par les transports en commun qui contraindra à utiliser sa voiture personnelle. L’écologie semble encore n’être qu’un prétexte.
- 3ème Raison : Il est bien sûr économique : une réduction des coûts immobiliers de 3 millions d’€/an, ça compte ! Reste que cette économie dégraderait les conditions de travail pour les résidents des sites actuels déjà en manque de tramway et de parking ; mais dégradation surtout pour les 1600 salarié·es qui les rejoindraient entraînant une réduction supérieure à 25 % tant en surface de bureaux qu’en nombre de postes de travail.
Comme d’habitude, la direction s’appuie sur l’imparable moyenne d’occupation des sites. Jugez de la pertinence de ce chiffre : C’est comme si on divisait par 10 la capacité du stade de France parce qu’il n’est occupé qu’un jour sur 10…
La motion unanime du CSEE fait apparaître des inquiétudes de praticité, de conformité, et de sécurité mais qu’importe, l’urgence semble être de clore ce projet. Et puis, la direction nous l’a dit, nos inquiétudes agacent, et que c’est stupide (sic) de se mettre en télétravail le lundi, le mercredi ou le vendredi puisque que justement ces journées sont plus calmes. D’ailleurs les EM devront faire venir les personnes en télétravail sur les jours désertés et projette un flex d’1 poste de travail pour 2 salarié·es (hors AT). La CGT rappelle que la loi de modernisation sociale de 2002, contrairement aux habitudes, impose comme un principe essentiel d’adapter le travail à l’homme et non pas le contraire.
On nous le répète : « Everything is under control ! » Sauf que quand on nous dit ça, ça nous évoque Tchernobyl.
VALEUR AJOUTÉE
La Valeur ajoutée c’est la richesse créée par un ETP (équivalent d’une personne à temps plein). Chaque année, elle sert à payer les dividendes, les salaires et tout le reste. Et chez Capgemini, celle-ci augmente tous les ans 66,8 k€ en 2021, 73,3k€ en 2022, et 79,7 k€ en 2023.
Pour rappel, la CGT réclame 2,8 k€ par personne pris sur cette richesse, mais Capgemini refuse.
Ce sont donc les salarié·es qui supportent tout le poids de l’inflation et pendant ce temps-là le pdg s’octroie 30 % d’augmentation.
D’un calcul approchant, si l’on avait augmenté chaque salarié·es de 3000€ la fameuse GOP aurait été de 11 %. La participation et l’intéressement seraient maintenus et on aurait toujours une GOP supérieure à Altran. Et tout le monde serait content ! Certes, y’en a qui seraient peut-être moins contents mais contents quand même.