Le déconfinement : oui mais pas n’importe comment
Depuis quelques jours, l’épidémie de covid-19 semble décliner en France. Surfant sur cette bonne nouvelle, Macron a annoncé la fin du confinement pour le 11 mai. Sa préoccupation principale n’est évidemment pas la santé des salarié.e.s et de la population, mais de satisfaire la demande du Medef de relancer l’activité économique, et donc les profits. Une preuve, c’est la réouverture prévue des crèches, écoles, collèges et lycées mais pas des établissements d’enseignement supérieur : il s’agit de « libérer » les parents de la garde de leurs enfants, pour qu’ils puissent retourner au travail, quant aux étudiant.e.s ils/elles n’ont pas besoin d’être gardé.e.s. Une autre preuve est que le gouvernement s’est bien gardé de limiter le commerce en ligne aux produits de première nécessité, au détriment de la santé des salarié.e.s qui préparent les commandes dans les dépôts ou qui livrent les produits, ce travail là ne pouvant pas être télétravaillé. Il a fallu par exemple une action en justice de délégués syndicaux dénonçant le non respect de mesures élémentaires de sécurité pour qu’Amazon décide de fermer provisoirement ses entrepôts.
Entendons-nous bien, à la CGT Capgemini, nous ne sommes pas pour une prolongation durable du confinement. Non pas à cause de la baisse de l’activité économique, ce n’est pas un problème en soi : il serait temps, face à la catastrophe écologique qui vient, de mettre fin au productivisme capitaliste et de ne produire que ce qui nous est réellement utile pour vivre, en termes de biens et de services, et en plus cela permettrait de diminuer le temps de travail. Non, le confinement ne doit pas être imposé trop longtemps à cause des conséquences graves, psychiques, physiques, qu’il a sur la population. Il est compliqué pour des parents de s’improviser maître d’école, enseignant c’est un métier. Il est difficile à des personnes habitant sous le même toit de rester confiné.e.s ensemble sur une longue période. Il n’est pas facile non plus de ne plus voir ses proches, amis, famille, collègues. De plus, le confinement aggrave les inégalités sociales. Par exemple, il est bien plus supportable pour le président du Medef dans son luxueux manoir du Croisic, que pour les habitant.e s des quartiers populaires, entassé.e.s dans des cités souvent insalubres et confronté.e.s à la répression policière.
Mais le déconfinement ne doit pas s’effectuer n’importe comment, pour ne pas provoquer une 2e vague de l’épidémie. Pour cela, outre la distanciation de plus d’1m entre les personnes, des conditions minimales sont requises, notamment du gel hydro-alcoolique à profusion, des masques en quantité suffisante pour toute la population, des tests de dépistages massifs de façon à isoler les personnes qui sont contaminées, le plus souvent à leur insu, etc. Des conditions qui avaient fait défaut il y a un mois et demi et qui avait rendu de fait nécessaire le confinement forcé d’une grande partie de la population. La responsabilité en incombe à Macron et son gouvernement, qui ont poursuivi la politique de leurs prédécesseurs de casse des services publics, et notamment de l’hôpital public, qui ont maintenu le 15 mars, la veille du confinement, le 1er tour des municipales, avec tous les dangers encourus par les électeurs, qui ne se sont pas préoccupés de stocker le matériel médical indispensable pour faire face à la pandémie. Rappelons que des pays, comme la Corée du Sud, ou plus près de nous l’Allemagne, ont eu une politique différente, se sont contentés de mesures de confinement partiel, et ont obtenu des résultats bien meilleurs dans la lutte contre le covid-19 que la France. Le déconfinement du 11 mai semble malheureusement être dans la continuité de l’impréparation et l’irresponsabilité qui a prévalu jusqu’ici dans la politique de Macron et de son gouvernement.
Et à Capgemini ?
Comment la direction de Capgemini prépare-t-elle cette échéance du 11 mai ? Pas de réaction jusqu’à présent. Mais au vu de la gestion calamiteuse de la crise du covid-19 par la direction de Capgemini, calamiteuse du point de vue de la santé de ses salarié.e.s, pas des profits de l’entreprise, les salarié.e.s ont du souci à se faire. De plus, la direction de Capgemini recourt au chômage partiel, ce qui permettra à l’entreprise de toucher encore plus d’argent public et ce qui entraînera des baisses de salaire conséquentes pour les salarié.e.s concerné.e.s. : c’est un scandale alors que l’entreprise fait des profits sans précédent. Enfin, le patronat du Syntec, dans lequel Capgemini est actif, vient de suggérer au gouvernement de prendre une nouvelle ordonnance, rétroactive comme d’habitude, qui permettra de mettre au chômage partiel les salarié.e.s actuellement en inter-contrat. Bref, pour restreindre les droits sociaux des salarié.e.s, Macron et Capgemini même combat.
Pour la CGT de Capgemini, le déconfinement ne peut avoir lieu qu’aux conditions suivantes, non exhaustives :
- le télétravail doit être la norme pour tou.te.s les salarié.e.s qui le demandent
- le maintien intégral du salaire pour les salarié.e.s qui restent chez eux pour garde d’enfants ou en chômage partiel et qui ne sont pas en télétravail
- la désinfection quotidienne de tous les sites Capgemini, et l’assurance qu’il en est de même pour tous les sites clients
- la fourniture à tou.te.s les salarié.e.s qui se déplacent sur leur lieu de travail, de matériel médical en quantité suffisante, de gants jetables, de gel hydro-alcoolique, de masques de protection fiables, etc.
Rappelons que les masques qui protègent complètement de la contamination au covid-19 sont des masques FFP2 et qu’ils ont une durée de vie de 8h maximum, ce qui veut dire au moins un masque par journée de travail. Pour les salarié.e.s qui sont obligé.e.s de prendre les transports en commun pour se rendre à leur travail, cela implique la livraison à domicile des masques. Pour les salarié.e.s qui peuvent prendre leur véhicule personnel, le remboursement des indemnités kilométriques - le droit de retrait inconditionnel pour tou.te.s les salarié.e.s qui travaillent sur les sites Capgemini ou chez les clients, s’ils ou elles jugent qu’il y a des risques pour leur santé, avec maintien intégral de leur salaire
Pour terminer, nous tenons à rappeler que les procédures de DGI (Danger Grave et Imminent) déclarées par les élue.e.s CGT sont toujours en cours et que nous entendons bien les utiliser au maximum pour essayer de préserver la santé et la sécurité des salarié.e.s de Capgemini et de ses sous-traitant.e.s.