CSE Capgemini INFRA – Février 2020 : Déclaration CGT

Dès la seconde séance, la majorité au CSEE Capgemini Infra, constituée autour de la CFDT, a fait un choix politique fort. Ses élu.e .s, par 18 voix pour (et 7 contre dont les élu.e.s CGT), ont voté la signature d’un contrat avec ProwebCE. De façon précipitée, sans devis, sans étude, sans support. Pour la somme rondelette de 310 000 € et pour une durée de 4 ans, sans possibilité de renégociations, et avec des pénalités financières dissuasives en cas de rupture du contrat avant son terme.

La raison invoquée pour essayer de justifier l’extrême urgence de ce vote : les salarié.e.s attendent. D’accord, mais ont-ils été consultés ? Non. Sur quoi se base le secrétaire CFDT du CSE lorsqu’il affirme « les prestations de ProwebCE sont globalement satisfaisantes » ? Sur son avis ou son intérêt personnel ? Des élu.e.s CGT ont demandé en séance un appel d’offre avant la signature d’un contrat aussi important et aussi contraignant, ce qui semblait un minimum. Réponse du secrétaire CFDT du CSE : « il aurait fallu démarrer l’appel d’offres en juin ». Certes, mais qui dirigeait le CE Sogeti ATS-Infra à l’époque ? La CFDT…

ProwebCE se présente ainsi : « Votre CE, notre passion. Nous aidons les CE à satisfaire leurs bénéficiaires à travers notre plateforme de communication, gestion et comptabilité intégrant le plus large catalogue d’offres, les subventions et les chèques cadeaux ».
Remarquons que, malgré leurs 8000 clients affichés, ils n’ont pas eu le temps d’actualiser leur site « à la sauce » des ordonnances Macron et changer CE en CSE.
Le temps, car ce n’est pas l’argent qui leur manque. ProwebCE a une filiale d’e-commerce, Meyclub, qui vous propose des billets de cinéma, mais qui vend aussi des cafetières, des lave-linges, des voitures, etc. ProwebCE appartient au groupe Edenred, qui s’autoproclame « leader mondial des solutions de paiements dans le monde du travail ». Cette multinationale cotée en bourse est présente dans 46 pays, emploie 10 000 salarié.e.s, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,378 milliards d’euros en 2018 (+4,4 % par rapport à l’année précédente), avec un résultat net de 254 millions d’euros (+5,2 % par rapport à l’année précédente), dont elle se vante d’en avoir distribué 80 % aux actionnaires sous la forme de dividendes.

Chacun ses priorités. La priorité de la CFDT et de ses organisations supplétives au CSE Infra est apparemment de faire gagner encore plus d’argent aux capitalistes. C’est cohérent avec le soutien de la CFDT au projet de loi de Macron sur les retraites dont l’objectif est de porter un grand coup au système collectif actuel de retraites par répartition et de favoriser les multinationales des fonds de pension privés, comme par exemple BlackRock, un actionnaire de Capgemini.

Des alternatives, pourtant il y en a. Par exemple CEZAM, dont les membres fondateurs sont issus de la CFDT. Ou l’ANCAV-TT, proche de la CGT, une association loi de 1901, qui ne fait pas de profit, qui ne distribue pas de dividende, et qui travaille avec 2500 CSE. Ces associations proposent le même niveau de prestations pour la gestion d’un site internet : ticket cinéma, concerts, loisirs et voyages… Bon, il n’y a pas possibilité d’acheter un lave-linge ou une voiture, mais cela n’est pas choquant lorsqu’il s’agit d’activités sociales et culturelles. De plus, ces associations sont bien moins chères que Meyclub. Et elles restent très fortement impliquées dans le maillage territorial pour organiser divers évènements : organisation de festivals, voyages solidaires… contrairement à Meyclub.

La lente et difficile construction des Activités Sociales et Culturelles, nées après la seconde guerre mondiale, est mise à mal par ces choix. Vouloir uniquement pallier le manque de revalorisation salariale du patronat par des subventions dématérialisées ne fait pas avancer l’Histoire. Cela favorise un retour aux vieilles œuvres sociales, considérées par les patrons comme leurs bonnes œuvres. Un vrai danger pour les Activités Sociales et Culturelles.

Un vote lors d’une réunion d’instance peut être invalidé à la réunion suivante de l’instance. Il n’est pas trop tard pour que le CSE Infra prenne enfin une décision qui aille dans le sens des intérêts des salarié.e.s, pour la solidarité, contre le diktat du fric et du profit…

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Publié le :
2 mars 2020