La direction a convoqué le CSE Infra le 10 juillet pour une information-consultation « sur le nouveau référentiel métiers de la GBL CIS ». Si on fait abstraction du jargon angliciste, l’objectif affiché semble aller dans le bon sens : supprimer les 2 cartographies métiers existantes, très différentes et pour partie obsolètes, l’une CapOS, l’autre Sogeti, et les remplacer par une cartographie commune qui serait valable pour l’ensemble du groupe Capgemini. Mais le projet de la direction soulève très vite beaucoup de problèmes…
La direction de Capgemini toujours à la pointe du « dialogue social » !
Pourquoi la direction s’en préoccupe-t-elle seulement maintenant alors que la fusion entre CapOS et Sogeti France date du 1er janvier 2018 ? Pas de réponse. Pourquoi le document de la direction ne traite que des salarié.e.s CSS, certes la majorité des salarié.e.s mais pas la totalité, contrairement à l’intitulé du point de l’ordre du jour qui porte sur l’ensemble du périmètre Capgemini Infra ? La direction répond que les salarié.e.s Capgemini Infra non CSS seront vu.e.s plus tard. Il n’y a aucune fiche métier pour les métiers de la nouvelle cartographie : la direction répond qu’elle les fournira plus tard. Autre problème, et non des moindres, il n’y a pas de corrélation avec la cartographie existante des métiers de la branche professionnelle établie par l’OPIEC (Observatoire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’évènement), structure paritaire patronat-syndicats. A votre avis, que répond la direction ? Qu’elle le fera plus tard.
La direction demande aux élu.e.s de rendre maintenant un avis, et tant qu’à faire positif, sur son nouveau référentiel métiers. Quant aux explications demandées par les élu.e.s, elle les fournira… plus tard. Une illustration du fameux « dialogue social » tant vanté par la direction.
La CGT prend ses responsabilités
Le 10 juillet, le secrétaire et son adjointe, tou.te.s 2 CFDT, sont absent.e.s. Il faut donc désigner un.e secrétaire de réunion. Il n’y a pas dans l’immédiat de candidat.e. Le représentant CFDT déclare alors que « quand il s’agit de contester, il y a du monde, mais quand il s’agit de travailler, il n’y a plus personne ». Si la 1re partie de sa phrase ne s’applique clairement pas aux élu.e.s de la CFDT qui n’ont pas l’habitude de contester les décisions de la direction, la 2e partie les concerne tout particulièrement. En effet, la CFDT et ses alliés ont 20 élu.e.s sur 28 au CSE, mais… ne présentent personne. Un élu CGT se propose, il est désigné à l’unanimité.
La CGT avait demandé une réunion préparatoire (une « prépa ») pour ce CSE : pas de réponse de la CFDT et de ses alliés. Comme le CSE se poursuit le 16 juillet, la CGT décide alors de convoquer une « prépa » la veille : aucun membre de la majorité du CSE n’y participe. Les membres de 3 syndicats présents se mettent d’accord sur une motion, proposée par la CGT, pour le recours à une expertise externe. Une telle expertise est légalement permise, puisque ce projet de la direction impacte en profondeur les situations de travail et donc les conditions de travail des salarié.e.s, elle est de plus indispensable, puisque cette nouvelle cartographie métiers comporte, on a commencé à le voir, pas mal d’inconnues.
Pourquoi une autre motion sur le recours à une expertise ?
Cette motion est à l’issue de la « prépa » envoyée par mail à l’ensemble des élu.e.s. Surprise, à la reprise du CSE, un élu CFTC présente une motion qu’il a préparée, dit-il, tout seul, et ayant le même objet, le principe du recours à une expertise externe. Cela suscite un certain débat en séance. La CFDT propose des amendements. Cette motion est finalement largement adoptée par 19 voix pour, la motion issue de la « prépa » ayant été auparavant largement rejetée par 19 voix contre.
Pourquoi cet élu CFTC n’est-il pas venu présenter en « prépa » son projet de motion ? Pourquoi la majorité des élu.e.s a voté contre la motion issue de la « prépa » ? Qu’est-ce qui dans cette motion ne leur convient pas ? Pourquoi n’ont-ils pas proposé de modifications ? Pourquoi ont-ils voulu voter « leur » motion ? A toutes ces questions posées en séance, nous n’avons pas eu de réponse. Est-ce parce que la motion issue de la « prépa » était à l’initiative de la CGT ?
De « l’obstruction » au CSE
A la reprise, la CFDT et ses alliés dégagent le secrétaire de réunion, CGT, désigné le 1er jour et imposent à sa place le secrétaire, CFDT, du CSE. Les élu.e.s CGT protestent, expliquant que c’est illégal : le CSE se poursuivant sur plusieurs jours, c’est juridiquement la même réunion, avec donc le même secrétaire de réunion, lequel est garant de la véracité et de l’exhaustivité des procès-verbaux de la réunion.
Ne pas anticiper l’absence du secrétaire du CSE et de la secrétaire adjointe puis passer en force pour changer de secrétaire de réunion en cours de CSE, ne pas convoquer de réunion préparatoire, boycotter la réunion préparatoire organisée par un autre syndicat, voter contre une motion qui avait été discutée et finalisée en réunion préparatoire, sortir du chapeau une motion portant sur le même sujet qui n’avait été discutée nulle part, voter pour cette motion… Cette impréparation et ces manœuvres ont fait perdre beaucoup de temps au CSE et ne servent clairement pas les intérêts des salarié.e.s.
Ce n’est pas la CGT qui est responsable de cette « obstruction », contrairement à ce qui est écrit dans certaines publications. C’est à mettre au passif de la majorité au CSE Infra composée des syndicats CFDT, CFTC, FO, Usapie.